25 mars 2030, Les Adrets (Belledonne)
"On en refait une !", s'exclame Louise dans la salle tamisée. Le mardi soir, après leurs journées de travail, Louise et ses amies ont pris pour habitude de se retrouver à la librairie-jeux des Adrets. Ouverte depuis deux ans, elle est la première librairie d'altitude du massif. Dans ce petit cocon en bois réhabilité grâce à un chantier citoyen, petits et grands s'évadent dans des mondes imaginaires et explorent mille manières de s'amuser.
Situé à proximité de La Marmite des Adrets, lieu coopératif atypique à la fois épicerie, restaurant et café depuis plus de 15 ans, les soirées belledonniennes sont rarement sans animation. Dans ce petit village de 1000 habitants, les lieux de vie collectifs ont permis de retisser des liens à une époque où les trajets domicile-travail dans la vallée du Grésivaudan avaient eu tendance à les effriter.
Grâce à La Cocotte des Adrets, espace de coworking depuis 2017, certains ont fait le choix de réduire leurs déplacements vers Grenoble et Crolles. Travailler sur les balcons leur a permis d'économiser de l'argent, beaucoup de temps mais aussi de gagner en qualité de vie.
Pour certains, les déplacements restent réguliers mais se font désormais en navettes électriques, en VTTAE ou en auto-partage, dans l'attente de la construction d'un transport par câble. Quel bonheur que de ne plus être coincé matin et soir dans les bouchons de la vallée !
Pour d'autres, les descentes sont vraiment devenues plus rares. Lucas, ancien informaticien, a ainsi décider de vivre pleinement sur le territoire. Conscient de la faible autonomie alimentaire, il a repris il y a 5 ans une formation pour devenir maraîcher et est désormais à l'initiative d'une coopérative agricole sur le village mêlant élevage ovin, maraîchage et production céréalière pour le pain. S'inspirant des conseils des anciens, la coopérative a permis de recréer du lien sur un besoin essentiel, qu'est celui de s'alimenter.
Pour Louise, la reconversion s'est faite grâce à l'artisanat. Avec d'autres professionnels du bâtiment, elle s'est lancée dans la rénovation thermique des anciennes bâtisses de la station des 7 Laux. Malgré le manque de neige, la station a gardé son dynamisme grâce à un habitat rénové, une programmation culturelle de qualité permise par Scènes obliques, des activités de découverte pleine nature en lien avec les accompagnateurs moyenne montagne et la reprise des commerces à l'année. Certains s'autorisent à rêver qu'en 2040, Prapoutel devienne un vrai village à l'année à l'image de la dynamique initiée à Chamrousse.
2030 dans Belledonne.
La montagne y est vivante et préservée.