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Ateliers 2030 Glorieuses : récits prospectifs

Depuis le début de l'année 2025, Mountain Wilderness organise des ateliers territoriaux : « Voyages 2030 Glorieuses » qui invitent les participants à imaginer les pistes d’avenir désirables pour nos montagnes. Recueil de deux récits rédigés dans ce cadre.

5 min de lecture
Transition

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 07 avr. 2025

L’écosystème glaciaire de la Girose est préservé

28 mars 2030, glacier de la Girose (Isère)

Assise
sur mon rocher d’observation, à 3500 m d’altitude, une gypaète barbu plane dans les airs. Survolant le glacier de la Girose, son étendue glaciaire et ses zones crevassées, elle a établi son aire de nidification dans la falaise juste en aval du glacier. Cet écosystème glaciaire est son domicile.

Le calme et la beauté m’enivrent. Le temps me paraît suspendu. Pourtant, j’entends au loin des paroles monter. Un petit groupe de collégiens venant de Gap s'approche tout doucement de la rive du glacier. La nuit dernière, ils ont dormi à 3200m dans le lieu d’accueil pour les scolaires et le grand public aménagé en 2028 à proximité de la gare d'arrivée du 2ème tronçon du téléphérique.

Après l'incroyable coucher de soleil au-dessus du monde, le ciel étoilé d'une clarté époustouflante, le froid et les premières lueurs de l'aube, ils cheminent maintenant au soleil, accompagnés de guides et naturalistes, pour apprendre à lire et à rendre visite au glacier (géomorphologie glaciaire, botanique, glaciologie ...).

Le glacier de la Girose est l’un des derniers grands des Alpes du Sud.

Grand témoin d’une disparition fulgurante de nos géants de glace causée par les émissions de gaz à effet de serre, sa beauté et sa fragilité rendent visibles les impacts de nos modes de vie devenus nocifs. « Dans le monde, les glaciers permettaient à 2 milliards de personnes de boire et de se nourrir, leur disparition est un vrai bouleversement » explique la glaciologue qui accompagne le petit groupe. Les enfants sont à l’écoute, profondément attentifs. Grâce à l’émerveillement et à la pédagogie, un souhait de prendre soin émerge en eux. Ils se sentent pleinement reliés à ce glacier.

Plus haut, en direction du Dôme de la Lauze à 3567m, des skieurs de rando tracent leur voie dans la neige fraîchement décaillée. tout petits dans cette immensité naturelle. Plus bas, des freeriders sortent du téléphérique et s'élancent en direction des vallons, au pied de la reine Meije.

La montagne est belle et riche de la diversité de nos approches.
Grâce à l'engagement pris en 2025, 100% des glaciers français sont sous protection forte. La glacier de la Girose a ainsi été débarrassé de son ancien téléski et de toute installation obsolète.

La Grave est restée à un haut-lieu du freeride, mais aussi une référence dans la découverte et la sensibilisation aux enjeux des glaciers et de la haute montagne. Depuis la gare d’arrivée de 3200 m, enfants et adultes sont accompagnés à découvrir un écosystème inédit par des professionnels et des passionnés.

Nous sommes en 2030.
L’écosystème glaciaire de la Girose est préservé.
La Grave est plus que jamais un village vivant et habité à l’année.

© Parc national des Écrins

2030 dans Belledonne, la montagne est vivante et préservée

25 mars 2030, Les Adrets (Belledonne)

"On en refait une !", s'exclame Louise dans la salle tamisée. Le mardi soir, après leurs journées de travail, Louise et ses amies ont pris pour habitude de se retrouver à la librairie-jeux des Adrets. Ouverte depuis deux ans, elle est la première librairie d'altitude du massif. Dans ce petit cocon en bois réhabilité grâce à un chantier citoyen, petits et grands s'évadent dans des mondes imaginaires et explorent mille manières de s'amuser.

Situé à proximité de La Marmite des Adrets, lieu coopératif atypique à la fois épicerie, restaurant et café depuis plus de 15 ans, les soirées belledonniennes sont rarement sans animation. Dans ce petit village de 1000 habitants, les lieux de vie collectifs ont permis de retisser des liens à une époque où les trajets domicile-travail dans la vallée du Grésivaudan avaient eu tendance à les effriter.

Grâce à La Cocotte des Adrets, espace de coworking depuis 2017, certains ont fait le choix de réduire leurs déplacements vers Grenoble et Crolles. Travailler sur les balcons leur a permis d'économiser de l'argent, beaucoup de temps mais aussi de gagner en qualité de vie.

Pour certains, les déplacements restent réguliers mais se font désormais en navettes électriques, en VTTAE ou en auto-partage, dans l'attente de la construction d'un transport par câble. Quel bonheur que de ne plus être coincé matin et soir dans les bouchons de la vallée !

Pour d'autres, les descentes sont vraiment devenues plus rares. Lucas, ancien informaticien, a ainsi décider de vivre pleinement sur le territoire. Conscient de la faible autonomie alimentaire, il a repris il y a 5 ans une formation pour devenir maraîcher et est désormais à l'initiative d'une coopérative agricole sur le village mêlant élevage ovin, maraîchage et production céréalière pour le pain. S'inspirant des conseils des anciens, la coopérative a permis de recréer du lien sur un besoin essentiel, qu'est celui de s'alimenter.

Pour Louise, la reconversion s'est faite grâce à l'artisanat. Avec d'autres professionnels du bâtiment, elle s'est lancée dans la rénovation thermique des anciennes bâtisses de la station des 7 Laux. Malgré le manque de neige, la station a gardé son dynamisme grâce à un habitat rénové, une programmation culturelle de qualité permise par Scènes obliques, des activités de découverte pleine nature en lien avec les accompagnateurs moyenne montagne et la reprise des commerces à l'année. Certains s'autorisent à rêver qu'en 2040, Prapoutel devienne un vrai village à l'année à l'image de la dynamique initiée à Chamrousse.

2030 dans Belledonne.
La montagne y est vivante et préservée.

© Frédi Meignan

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