Vue sur l'Alpe du Grand Serre © Binabik155 - CC

Après l’annonce de la fermeture de la station de ski de l'Alpe du Grand Serre, repensons l’avenir avec nos villages de montagne

Déjà en février 2020, après 85 ans d'existence, la station de Céüze 2000 (Hautes-Alpes) fermait définitivement. La faute à un matériel vieillissant, à une fréquentation en baisse et à des conditions d'enneigement trop irrégulières. Puis en septembre 2023, c’est la petite station de La Sambuy (Haute-Savoie) qui est contrainte de fermer définitivement ses portes, 60 ans après sa création. Le 6 septembre dernier, lors d'un référendum local, les habitants de Seyne-les-Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) ont voté à 71% pour l'arrêt des remontées mécaniques de la station de ski du Grand Puy.

7 min de lecture
Isère
Taillefer
Transition
Montagne à vivre
Tourisme

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 10 oct. 2024

Ce vendredi 4 octobre 2024, c’est au tour de la station de ski alpin de l'Alpe du Grand Serre vient d’être condamnée à la fermeture à la suite d’une décision du conseil communautaire de la Communauté de commune de la Matheysine de ne plus subventionner le déficit d’exploitation des remontées mécaniques. Mountain Wilderness déplore cette fermeture brutale. Le manque d’anticipation n'a pas permis de dégager suffisamment en amont des voies de transition, pour les habitants et le territoire, aujourd’hui plongés dans le désarroi.

Soutien aux habitants et collectifs citoyens qui œuvrent pour porter des alternatives

À “la Morte” comme ailleurs, il y a urgence à rebondir collectivement pour garder nos territoires montagnards vivants et désirables. En lien avec les habitants, les collectifs citoyens, les élus du territoire et les services de l'État, Mountain Wilderness rappelle sa pleine disponibilité pour poursuivre les réflexions engagées en faveur de la nécessaire transition des territoires. La Morte et nos montagnes ont énormément de potentiels naturels et humains qu'il convient désormais de mieux valoriser et soutenir financièrement.

Ce drame interpelle l'ensemble des villages-stations de moyenne montagne. Alors qu’il est plus que difficile d'enclencher une transition des activités et d’un modèle suivi depuis des décennies, ceux qui se mobilisent, sans attendre, pour s’adapter aux enjeux sociétaux, économiques et environnementaux d’aujourd’hui doivent être résolument accompagnés par les pouvoirs publics.

S'enfermer dans un modèle principalement basé sur le ski alpin et l‘immobilier de loisirs, n'évite pas les crises économiques et sociales. Au contraire, cette posture les amplifie en empêchant de nouvelles visions d'émerger et de nouveaux projets d'avenir de se réaliser.

Porter un projet au service de l’intérêt général et de la transition du territoire

En juillet dernier, nous remettions en cause le projet d’« ascenseur valléen » à la Morte. Un projet qui visait surtout à faire perdurer le fonctionnement hivernal de la station en permettant l’accès au haut du domaine skiable l’hiver, accessoirement aux crêtes du Grand Serre et du Pérollier l’été. 24 millions d’euros pour espérer prolonger l’activité de ski alpin encore quelques années…

Ce projet tourné vers le passé est désormais compromis. La Morte a heureusement beaucoup d'autres atouts que la neige pour les activités de nature (randonnée, escalade, vtt, trail, etc.). Ce site magnifique, que ce soit côté Taillefer ou Pérollier, est aussi en lien avec la Romanche et l'Oisans. De plus, l'agriculture (le pastoralisme en particulier) bénéficie de magnifiques alpages et le domaine forestier du territoire est de qualité. Le patrimoine historique minier gagnerait également à être valorisé.

Ne laissons pas le choc de cette fermeture se transformer en crise durable pour le territoire matheysin. D'autres projets que cette remontée mécanique sont déjà envisagés par les acteurs locaux : tiers-lieux, valorisation du cœur de village pour le rendre plus accueillant à l'année, mise en lumière du patrimoine naturel et de l’artisanat, coopération avec l'Oisans, l'Agglo grenobloise et le département, dans le cadre de la prise en compte des complémentarités entre les territoires et de la nécessaire solidarité qui en découle.

Nul doute qu'en accompagnant au mieux les énergies humaines, la Morte et ses habitants trouveront le chemin de la résilience.

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