Glacier de la Girose, La Grave

Pour une alternative écologique et économique de la Grave

Suite à une mobilisation des glaciologues, personnalités, ONG et citoyens pour présenter l’Appel pour les Glaciers lors du One planet - Polar Summit, le président Emmanuel Macron, en clôture du sommet, a annoncé une volonté d’engager les procédures pour assurer que la totalité de nos glaciers fassent l’objet d’une protection forte. Nous félicitons cette démarche, et dans cette lignée, nous réitérons la pertinence de l’arrêt du projet de T3, au vu notamment de son incohérence environnementale et financière. D’autres alternatives existent et méritent d’être pleinement considérées.

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Écrit par le comité de rédaction

Publié le 04 déc. 2023

Décrypter les arguments fallacieux des vertus écologique du projet

La communication par la Société d’aménagement touristique de la Grave (SATG) et de la commune autour du projet ne cesse d’avancer que le T3 est une voie écologique pour la station. Cela est justifié par un bilan carbone négatif sur 13 ans.
Cela signifie que pendant 12 ans, donc, la construction et l’exploitation du T3 vont émettre plus de CO2 que le maintien de l’actuel téléski, déjà très polluant puisqu’il fonctionne au fioul. Uniquement sur ce point, on peut donc affirmer que le projet est incompatible avec la nécessité de réduire immédiatement les émissions de gaz à effet de serre (GES). Comment alors expliquer que ce bilan carbone est utilisé par les promoteurs du projet comme un argument pour dire que le T3 est un projet « écologique » ?


Une peur de la "fin de la Grave" qui donne des oeillères au projet

Cet argument est employé tout simplement parce que le scénario de l’arrêt du téléski sans remplacement par une autre infrastructure, le choix le moins émetteur en GES, a purement et simplement été écarté par la commune de La Grave et la SATG, pour deux raisons :

Cet argument est employé tout simplement parce que le scénario de l’arrêt du téléski sans remplacement par une autre infrastructure, le choix le moins émetteur en GES, a purement et simplement été écarté par la commune de La Grave et la SATG, pour deux raisons :

1. D’une part, cela permet d’afficher un bilan carbone beaucoup moins défavorable, car le scénario de comparaison avec le T3 est celui du maintien et de l’adaptation du téléski actuel, scénario très émetteur en C02. Seulement il y a un hic : la vitesse de retrait du glacier est telle que le maintien en activité du téléski actuel au-delà de quelques années est sérieusement remis en question. Prendre comme point de comparaison le maintien de son exploitation pendant encore 15 ans est donc une aberration.

2. D’autre part, et c’est la raison principale, selon la commune et la SATG, laisser le glacier vierge de toute remontée signifierait que le téléphérique actuel (les deux premiers tronçons) serait déficitaire, et devrait donc fermer. Ainsi, dans cette logique, questionner l’intérêt du T3 équivaut à vouloir la fermeture du téléphérique, ce qui mènerait à la « mort de La Grave ».
On pourrait considérer sérieusement cet argument s’il reposait sur des éléments chiffrés précis, rigoureux. Or il n’en est rien : aucun élément ne permet de conclure la nécessité d’une remontée mécanique sur le glacier pour maintenir la rentabilité du téléphérique actuel, à part une simple affirmation qu’il n’y a pas le choix. L’ancien maire de La Grave, Jean-Pierre Sevrez, avance que le téléski représente 23 % du chiffre d’affaires du téléphérique de la Meije. Cette déclaration n’est pas sourcée, probablement puisque le téléski n’est pas équipé d’un compteur de passage et que le forfait hiver est "tout compris" pour les deux tronçons et le téléski. Le chiffre est d’ailleurs surprenant sachant que, selon les compte-rendus annuels sur les saisons d’hiver 2017-2018-2019, le téléski n’a fonctionné que 30 à 50% du temps d’ouverture du téléphérique.

D'autres futurs possibles et désirables existent pour la Grave

Le projet de T3 est une impasse, rappelons à ce stade les éléments suivants :

  • Le coût du projet est de 14 M€ minimum, dont 4 M€ d’argent public, que les estimations de chiffre d’affaires de l’infrastructure avec T3 fournis par la SATA dans l’étude d’impact reposent sur des biais flagrants et des hypothèses plus qu’optimistes qui cachent un risque que les coûts de fonctionnement du T3 ne soient pas couverts par la hausse attendue de la fréquentation, ce qui risque sérieusement d’endetter la commune ;
  • Qu’un recours en justice sur la délivrance du permis de construire sera examiné en 2024 ;
  • Mais surtout, que la skiabilité du glacier, condition indispensable pour espérer une rentabilité selon la commune et la SATA, est largement remise en question à court terme.

Le seul scénario compatible avec la nécessité de réduction des émissions de GES, de l’adaptation du climat, avec le respect de la biodiversité que nous devons collectivement viser est celui de l’abandon immédiat de l’exploitation du glacier de la Girose, sans nouvelle infrastructure. Ce scénario n’équivaut pas à renoncer à un avenir pour La Grave, au contraire, il ouvrirait la voie vers une vraie démarche de co-construction d’un projet pour ce territoire

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