Vue panoramique sur la vallée de la Haute Durance et les montagnes des Hautes-Alpes.
Cette image offre une vue imprenable sur la vallée de la Haute Durance, située dans le département des Hautes-Alpes (05) en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. On y aperçoit des paysages alpins majestueux, avec des forêts de mélèzes en premier plan et des montagnes escarpées en arrière-plan. Le fleuve Durance serpente à travers la vallée, irriguant des villages et terres agricoles, dont certains sont directement concernés par des projets d’aménagement controversés, comme les lignes à Très Haute Tension (THT). Cette région est prisée pour ses activités de plein air, notamment la randonnée, le ski et le parapente, offrant des panoramas exceptionnels entre Embrun, Briançon et Guillestre.
© Etienne Baudon | CC BY SA 3 0 Deed

Un projet de carrière menace la Durance et le Parc des Écrins à Embrun

Le 26 mars 2012, Mountain Wilderness a rendu un avis défavorable au projet de carrière alluvionnaire « La Cabane et l’Île » situé à Saint-André d’Embrun (Hautes-Alpes) présenté par la société Routière du Midi et soumis à enquête publique.

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Hautes-Alpes
Écrins
Espaces protégés
Aménagement

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 29 mars 2012

Les impacts de l'exploitation de carrières sur l'Argentière-la-Bessée à Embrun

Le projet tient en quelques points donnant à eux seuls le vertige : une concession sur 22 ans pour l’extraction de 100 000 à 300 000 tonnes matériaux par an (selon les différents documents consultables et communiqué par la société), 70 jours d’exploitation par an à compter de 100 à 170 rotations aller et retour de camions par jour incluant un passage supplémentaire d’une rive à l’autre de la Durance en aval du site réputé de la vague du Rabioux, une remontée vers et par la Commune de Châteauroux qui a d’ores et déjà voté une délibération contre le passage sur sa commune de ce trafic. Au final, le saccage irréversible d’un des derniers sites préservés en immédiat bordure de Durance.

Sur le fond du dossier, inutile de rappeler que la Durance entre l’Argentière-la-Bessée et Embrun accueille déjà plusieurs sites à vocation de carrière. Un développement souvent anarchique qui démontre aujourd’hui de façon claire la dimension irrémédiable des impacts environnementaux et paysagers de tels projets ; les mesures de remise en état ou de compensation proposées par les promoteurs ne pouvant prétendre de façon sérieuse à réparer les nombreux impacts négatifs au cœur d’un site d’exception et de rayonnement touristique pour le département (le parcours entre Saint-Clément et Embrun est connu mondialement par les amateurs d’eaux-vives, mais aussi par les pêcheurs).

Une initiative qui dénature un site Natura 2000 et Parc national des Écrins

Plus techniquement, la zone étudiée est directement concernée par une ZNIEFF (Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) qui reconnaît la valeur importante de la biodiversité de cette zone au niveau national. La commune concernée se situe en zone d’adhésion du Parc national des Écrins qui a été créé dans le but de sauvegarder le patrimoine naturel du massif et des vallées. La Durance est un élément très fort de patrimoine pour le Parc national et est largement citée dans la définition du caractère du territoire. Aménager ce site revient donc à porter atteinte au caractère même du Parc national, ce qui en fait sa valeur intrinsèque !

Enfin la zone concernée par le projet est entièrement incluse dans un site Natura 2000. L’objectif de cette procédure est de conserver ou de rétablir dans un état favorable à leur maintien à long terme les habitats naturels et les populations des espèces de faune et de flore sauvages qui ont justifié la désignation du site comme d’intérêt au niveau européen.

Un projet en zone inondable de la Durance en contradiction avec le SDAGE Rhône Méditerrané

Le projet présenté, situé en zone inondable de la Durance et en partie dans son espace de mobilité, est par ailleurs en totale contradiction avec le Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux Rhône Méditerranée, validé en décembre 2009, et notamment avec ses orientations fondamentales. Plus précisément, le projet s’inscrit au sein de la masse d’eau codifiée au SDAGE « FRDR298 - La Durance du Guil au torrent de Trente Pas », dont l’enjeu principal est la dégradation morphologique, enjeu qui sera au cœur des priorités du 10e programme de l’Agence de l’Eau.

La Routière du Midi et le déficit de consultation démocratique locale

Comme souvent, au regard de l’importance du projet, de la durée comme des effets de l’exploitation, des imprécisions contenues dans le dossier présenté par la Routière du Midi, le débat démocratique a peu de place. Au-delà du caractère ahurissant du projet, Mountain Wilderness dénonce également à ce titre les délais déraisonnablement et modalités de communication et de consultation du dossier, de dépôt des avis. Malgré la vigilance de certaines consciences locales (Domique Goninet, Thierry Puyfoulhoux pour ne citer qu’eux), peu d’acteurs locaux impactés par ce projet auront pu prendre sérieusement connaissance du dossier, émettre un avis motivé (à titre d’exemple, l’ensemble des pièces annexes au dossier n’étaient pas consultables en ligne)... mais là où le béton passe, la démocratie locale trépasse.

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