Cyril Coursier

Installations obsolètes : 15 tonnes de déchets militaires retirés de la montagne

Du vendredi 2 au dimanche 4 septembre 2016, ce sont 70 bénévoles, âgés de 7 à 77 ans, qui ont participé au 35e chantier de démantèlement d’installations obsolètes organisé par Mountain Wilderness. L’opération s’est déroulée aux alentours du Col de Granon, dans le massif des Cerces (05). Situé à proximité de la frontière franco-italienne, le lieu a depuis longtemps accueilli des installations militaires : du mur de Berwick à la Ligne Maginot. Ce fut l’occasion d’une visite des installations de valeur patrimoniale avant d’enlever les débris militaires abandonnés aux alentours.

5 min de lecture
Cerces
Hautes-Alpes
Installations Obsolètes

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 07 sept. 2016

Protéger la faune, améliorer la qualité paysagère et non effacer la mémoire collective

Les lieux étaient initialement encombrés de fils barbelés et différentes ferrailles délaissées depuis la dernière guerre mondiale. Le chantier a permis de contribuer à la préservation de la faune, qui risquait des blessures dues aux matériaux coupants ou piquants et rouillés, de favoriser les bonnes conditions d’exploitation des alpages et d’améliorer l’aspect naturel et paysager des lieux.

« Je suis très préoccupée à titre personnel par les sabots des bouquetins et les pattes des chiens, des renards et des lagopèdes alpins. Quand il y a de gros amas de barbelés, les animaux les contournent parce qu’ils les voient. Mais les petits bouts sont plus dangereux pour la faune. C’est enlever cela qui me motive. »

Patricia, bénévole

« le fait de nettoyer le site des barbelés et autres résidus polluants permet de le mettre en valeur. Plutôt que laisser des ruines à l’abandon, cela permet de valoriser le patrimoine. [...] Ici, on vire les barbelés, mais les blockhaus on les laisse ! »

Gilles, bénévole

Cyril Coursier
Jean-Pierre Nicollet
Cyril Coursier
Emilien Maulave
Cyril Coursier

Les spécificités des sites d'intervention

À cheval sur trois communes (Saint-Chaffrey, Val-des-Prés et La Salle les Alpes), dans le nord des Hautes-Alpes, le chantier est situé en site classé et zone Natura 2000. Les enjeux de préservation de la nature sont forts. C’est également un lieu très fréquenté des touristes en été. Proche de la frontière française, le site avait un enjeu militaire défensif avec notamment le besoin d’empêcher le contournement de Briançon, place forte contre les éventuels envahisseurs étrangers. C’est encore actuellement un lieu d’exercices militaires.

Quatre zones d’intervention ont été concernées par le chantier :

  • alentours du blockhaus situé en contrebas du col de Granon ;
  • zone de crête entre le col de Granon et le col des Cibières ;
  • zone entre le col des Cibières et la Gardiole ;
  •  zone sous la Porte de Cristol.

Transmettre l'histoire des lieux

Avant de commencer le chantier, M. Flandin de l’Association pour le patrimoine fortifié du briançonnais, a proposé une visite du mur de Berwick. Cet ouvrage, construit en 1707 sous le règne de Louis XIV et durant la guerre de succession d’Espagne, est l’une des plus anciennes fortifications encore visibles à cette altitude.

Une bonne vingtaine de personnes a assisté à cette visite. Celle-ci, très riche, a été ponctuée et suivie de nombreuses questions, preuve de l’intérêt des bénévoles pour le site d’intervention, le patrimoine bâti et les événements qui ont marqué son histoire.

Jean-Pierre Nicollet
Cyril Coursier
Cyril Coursier
Jean-Pierre Nicollet
Emilien Maulave

Déroulement du chantier

Le démantèlement des installations obsolètes : barbelés rassemblés en fagots ou éparpillés sur le site, piquets et cornières métalliques, voiture accidentée en pleine montagne, restes d’une cabane en tôle effondrée, tuyaux et débris métalliques variés), s’est déroulé sur trois jours. Le vendredi a vu les préparatifs sur site faits par des membres de Mountain Wilderness puis les deux jours suivants, membres de l’association et bénévoles se sont rassemblés pour évacuer les matériaux.

« Le chantier du Granon a demandé peu d’efforts de marche d’approche mais il a été compliqué au niveau de la récupération des fagots de barbelés », commente Fleury, anciennement référent sur les questions Installations Obsolètes au CA de MW, habitué des chantiers de Mountain Wilderness et responsable de la zone proche du blockhaus. « J’espère pouvoir faire le maximum. L’extraction des fagots, nombreux à être à demi enterrés, a été très difficile et lente. »

Pour le transport des débris, certains sites ont nécessité de porter les éléments à dos d’homme (grâce à claies de portage) et avec l’aide de deux mulets de l’entreprise Arbres et techniques. Le dimanche, une caravane de cinq lamas et alpagas a également contribué.

Des bénévoles enthousiastes... sous le regard des promeneurs intrigués

C’est avec plaisir que les bénévoles ont participé à l’opération. Nombre d’entre eux ont fait ressortir leur volonté de rendre à la montagne une partie de ce qu’elle leur donnait, de contribuer à la protection de la faune et la flore, et d’améliorer l’aspect visuel et sécuritaire des lieux. Ils ont aussi apprécié l’ambiance du groupe et les rencontres permises à cette occasion. En effet, si certains reviennent d’année en année, d’autres participaient là à leur premier chantier de ce type.

« Sur les chantiers, le travail est très dur, mais il y a toujours une atmosphère d’amitié, de joie, un enthousiasme. C’est aussi une satisfaction de voir que le travail est productif », explique Maria-Chiara, venue de Rome pour participer une fois de plus à un chantier MW.

« Ce que j’ai apprécié sur le chantier : ça s’est très bien passé, chacun fait comme il peut, comme il le sent, en fonction de son gabarit et de sa force », constate Chrystelle, pour qui c’était le premier chantier. « On rencontre plein de gens, qui nous permettent aussi de mieux découvrir le coin en nous apportant des connaissances sur la zone où l’on est. »

En parallèle au chantier, de l’information sur celui-ci et de la sensibilisation à ses enjeux a été délivrée aux randonneurs de passage, curieux de savoir ce que faisaient « toutes ces personnes munies de gants ». L’occasion de communiquer autour de la question du démantèlement des installations obsolètes.

BILAN DU CHANTIER

  • 70 participants de 7 ans à 76 ans : 30 femmes et 40 hommes ― dont 29 participants Haut-Alpins
  • 2 mulets, 5 lamas et alpagas
  • 15 tonnes de matériaux enlevés ― dont plus de 450 fagots de barbelés ramassés
  • 5 obus d’exercice non explosés découverts et signalés au service de déminage

LES OPÉRATIONS INSTALLATIONS OBSOLÈTES DEPUIS 2001

  • 35 chantiers
  • 396,5 tonnes de matériaux retirés des montagnes (dont 31 tonnes dans les Hautes-Alpes)
  • 1 509 participants bénévoles aux chantiers (dont 150 dans les Hautes-Alpes)
  • 4 110 journées de travail/Homme

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