Cyril Coursier

Plus de vingt tonnes d’aménagements militaires retirées dans le massif des Cerces

Depuis le 2 septembre, quelque chose a changé au col de Buffère (2 427m) : les « buissons » de barbelés et tôles métalliques ne jonchent plus le sol. Les habitués du secteur pourraient être surpris alors que pour les randonneurs de passage, rien n’indiquera l’existence -hormis les blockhaus épars- des résidus de la ligne Maginot des Alpes à cet endroit.

5 min de lecture
Cerces
Hautes-Alpes
Installations Obsolètes

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 07 sept. 2017

Devoir de mémoire

Dans les années 30, les fortifications du Briançonnais barraient les principales vallées et cols permettant de franchir les Alpes, notamment les débouchés des cols de Montgenèvre et de l’Échelle. Elles servirent pendant les combats de juin 1940 contre l’Armée italienne, puis de nouveau pendant ceux de l’hiver 1944-1945 (plusieurs furent occupés par les troupes allemandes). Après l’armistice les ouvrages ont été abandonnés, certains occupés par les régiments pour l’entraînement des troupes de montagne. Les extérieurs sont encore pollués par des bouts de barbelés, des piquets et des supports en béton, voire des restes de munitions. Outre l’aspect visuel inesthétique, et sans grande valeur patrimoniale, ces éléments métalliques peuvent causer des dommages à la faune sauvage et domestique

Une première opération a eu lieu l’an dernier. À cette occasion quinze tonnes avaient été retirées entre le col des Cibières, la Gardiole et sous la Porte de Cristol. Cette année, c’est au col de Barteaux, au pied des crêtes de Peyrolle et sous le col versant Clarée qu’une partie des bénévoles a œuvré. Des charges héliportables ont été préparées avec des cornières, tôles et fagots de barbelés qui avaient déjà été préalablement regroupés et conditionnés par des militaires mais laissés sur place, enchevêtrés. Une autre équipe s’est chargée de ratisser les Grand et Petit Meyret en grande partie dans un vent glacial chargé de grésil. La journée du dimanche a permis de rassembler tous les bénévoles, plus de 70 au total, sur le col de Buffère. À l’aide de pioches, barres à mine et coupe-boulons, ils ont redonné à la pelouse son aspect initial, ne laissant sur place qu’un rouleau de câble de plusieurs tonnes.

Cyril Coursier
Cyril Coursier
Steph Monfront
Steph Monfront
Cyril Coursier

De multiples énergies à l'ouvrage

Les bénévoles donnent beaucoup d’eux-même lors de ces journées. « Mais la montagne nous apporte tant », réplique Inès, une participante. De gros efforts sont nécessaires mais chacun-e y apporte sa contribution, à la hauteur de ses moyens physiques et de ses compétences. Cette année, 5 personnes en situation de précarité, ont rejoint l’équipe de volontaires. Une expérience d’échange et de partage forte. Des bénévoles ont mis leur véhicule tout-terrain à contribution ce qui a grandement aidé aux déplacements des charges. Les magasins bio Satoriz, indispensable fournisseur des en-cas et pique-nique avait quant à elle une nouvelle fois généreusement doté le chantier. Via la fondation EOCA, la firme de produits Outdoor Osprey, enthousiasmée par la campagne Installations obsolètes de Mountain Wilderness a largement contribué à financer l’opération, notamment toute la partie d’héliportage.

Les bénévoles fourbus mais heureux se sont déjà dit prêts à participer à de futures actions de Mountain Wilderness ! Certains des participants ont prolongé le séjour le lundi en gravissant le Grand Aréa (2 869m) avec une accompagnatrice en montagne adhérente de MW qui elle-aussi avait prêté main forte au chantier. Une belle randonnée guidée bien méritée après le travail fourni !

Ce chantier, par son accessibilité, l’accueil et le climat s’est déroulé dans des conditions optimales. Le volume estimé des déchets recueillis s’élève cette année à plus de 20 tonnes. Malgré cela, il reste encore de quoi travailler dans ce secteur du Briançonnais. Rendez-vous l’année prochaine ?

Breffni Bolze
Breffni Bolze
Breffni Bolze
Breffni Bolze

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