Au printemps 2024, la parcelle en question d’une surface de 110 hectares a en effet été vendue à un propriétaire qui a décidé d’en interdire l’accès. Si cette situation rappelle d’autres cas d’interdiction d’accès à la nature décidés unilatéralement par des propriétaires terriens (notamment dans les Vosges et en Chartreuse), celle-ci se distingue par l’absence de conflit d’usage notable préexistant. L’hiver, la pratique du ski de fond ou de la randonnée sur des parcours strictement délimités ne rentre pas en conflit avec l’exploitation de la parcelle, rendue de toute façon impossible par la présence de neige. L’été, le secteur est peu fréquenté, contrairement aux crêtes du Sancy situées à l’amont. Les quelques cavaliers, randonneurs ou vététistes circulent là encore sur des parcours définis où ils ne sont pas susceptibles de déranger les vaches en estive.
Là où l’activité agropastorale et la mise en tourisme du secteur sont résolument compatibles voire complémentaires, le nouveau propriétaire fait le choix de les opposer. En interdisant la traversée de sa parcelle, et donc l’accès aux plaines brûlées depuis Chastreix-Sancy, il impacte durablement la pratique d’une dizaine d’activités sportives et le bilan des professionnels qui en dépendent. Au-delà des quelques professionnels directement concernés (musher, moniteurs de ski de fond, accompagnateurs en montagne, loueurs de matériel, …), cette décision met en lumière les liens d’interdépendance existants pour déstabiliser l’écosystème local, ses commerçants et ses prestataires, qu’ils soient restaurateurs, hébergeurs, agriculteurs ou producteurs. Dans un contexte de changement climatique brutal, alors que la commune support de station doit composer avec l’incertitude de l’approvisionnement en neige, la difficile fidélisation des commerçants, l’impérative diversification de ses sources de revenus, cette décision infondée est lourde de conséquences pour le territoire.
Outre l’absence de conflits d’usage, ce choix est d’autant plus incompréhensible que le nouveau propriétaire ne pouvait ignorer l’usage historique de cette parcelle et son importance pour le territoire. Lors d’une telle transaction, l’acquéreur prend le bien en l’espèce, et la parcelle en question faisait vraisemblablement l’objet d’une convention de passage (signée entre l’ancien propriétaire et la commune). Qui plus est, la parcelle en question est classée « Nk » sur le Plan local d’urbanisme, ce qui en fait une « zone destinée à recevoir des aménagements, des constructions et des équipements liés aux pratiques sportives, de loisirs, touristiques, notamment de plein air et liés à l’activité du site ».