Aperçu des échanges tenus lors des ateliers de l’Assemblée générale de Mountain Wilderness

Les 25 et 26 mars s’est tenue l’Assemblée générale de Mountain Wilderness France, à Lamoura dans le Jura. Le samedi après-midi fut consacré à quatre ateliers d’échange :"Vers de nouvelles Thèses de Biella", "Changer d’Approche", "Enjeux de territoire avec le Parc naturel régional du Haut-Jura", "Better Wilder". Retour sur ces temps riches en réflexions et perspectives.

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Écrit par le comité de rédaction

Publié le 17 avr. 2023

Thèses de Biella : réflexion autour d’une charte internationale

L’AG 2022 de La Feclaz avait déjà permis d’amorcer la réflexion côté français, autour des Thèses de Biella, fondatrices du mouvement MW, sur ce qui devra être un nouveau texte. Restant encore à être valider et approuver par toutes les sections nationales de MW, ce texte pourrait jouer le rôle d’une charte redonnant un cadre partagé à nos actions, actualisée au regard des enjeux du XXI siècle.

Entre temps un groupe de réflexion international, dont la création avait été décidée à l’AG 2022 de MWI, a commencé à travailler sur l’élaboration de ce document. Il ne remplacera pas, mais complétera les « Thèses de Biella », qui gardent toute leur valeur en tant que manifeste historique ayant entériné la fondation de Mountain Wilderness à travers le monde.

Si elles avaient pu jouer jusqu’ici le rôle de texte de référence, ces « Thèses de Biella » apparaissent aujourd’hui trop liées au contexte historique des années 1980, ainsi qu’aux profils et préoccupations des personnes (essentiellement des alpinistes d’élite) ayant présidé à sa rédaction.

La discussion ayant eu lieu à l’AG de Prémanon a surtout porté sur ce que pourrait être le corps du nouveau document, redéfinissant les objectifs et moyens d’action de MW et les limites inhérentes, sachant qu’un préambule définira notre vision partagée de la wilderness de montagne pour donner un cadre au reste du document.

Changer d’approche : refonte de la campagne

Plus de quinze personnes ont participé à l’atelier Changer d’approche,  animé par Olivier Bustillo, Véronique Dansereau, tous deux administrateurs référents de la campagne, ainsi que Juliette Dané, chargée de mission de Mountain Wilderness. Ce temps de travail a clôturé un cycle de réflexion entamée depuis le début d’année sur le devenir de cette campagne historique de notre association.

Seize années d’actions méritaient en effet un temps de pause pour évaluer les messages, les actions et les outils (brochures, site web, …) associés à Changer d’Approche. Les bénévoles impliqués ont donné leur avis lors de deux ateliers, ainsi que les partenaires clés rencontrés dans ce but.

Le leitmotiv de la campagne a toujours été de donner l’envie de tenter l’aventure sans voiture, grâce aux récits de pratiquants de montagne. Le besoin de « changer d’échelle » posé par la nouvelle feuille de route de Mountain Wilderness, appelle à structurer notre argumentaire.

Aussitôt demandé, aussitôt proposé, un groupe s’est attelé à le poser sur le papier : Pourquoi se passer de voiture individuelle lorsque nous allons en montagne ? Qu’est-ce que l’on y gagne ? Quelle approche faut-il changer ? Pendant que les idées fusaient, un autre groupe a réfléchi au cadre d’une nouvelle action fédératrice. En effet, lors des précédents ateliers de février, les adhérents ont souligné combien le concours Changer d’approche avait mobilisé et fédéré les pratiquant·e·s par le passé.

Si à l’avenir un nouveau concours devait être relancé, de quoi aurions-nous besoin ? Financement, partenaires, règle de participation, les propositions n’ont pas manqué. Olivier, Véronique et Juliette synthétisent désormais les futures lignes directrices de la campagne : cible, stratégie de sensibilisation et priorisation des actions en conséquence.

Better wilder : accompagner et valoriser la transition du tourisme en montagne

« Better Wilder » est un projet international de MW, qui s’inscrit du côté français dans la suite des États généraux de la Transition du Tourisme. Le but à court terme est d’abord de montrer aux parties-prenantes de l’aménagement de la montagne, qui en France ne jurent encore que par le modèle « tout-ski » hérité des années 1960, que d’autres modèles de développement ont déjà fonctionné depuis longtemps dans les autres pays alpins.

Dans ces pays, des vallées entières de haute montagne qui seraient parfaitement propices à un aménagement pour le ski industriel « à la française » n’ont jamais opté pour ce modèle ; un tourisme doux et diversifié y prospère, en équilibre avec les activités traditionnelles et les besoins des habitants locaux, pendant toute l’année.

Si les meilleurs et nombreux exemples de ce développement sans ski mécanisé (ou le limitant volontairement) se trouvent en Suisse, en Autriche et en Italie, l’objectif de Better Wilder est de valoriser des exemples en France. Ainsi, ces lieux (villages, vallées ou ensembles géographiques et/ou culturels) devraient être des tentatives de faire autrement, ou à défaut, des exemples idéaux de développement alternatif à la montagne aménagée (cocktail de pylônes, parkings et barres de béton...). Si la plupart des exemples français ne cocheront pas toutes les cases, l’idée valoriser les "petits pas" pour encourager à aller plus loin.

Un tableau partagé en ligne donne quelques-uns de ces exemples dans les massifs français, sur lesquels nous avons discuté pendant l’atelier de l’AG. Attention c’est un travail en cours, et en particulier les évaluations (de 1 à 5) figurant dans les cases sont 100% provisoires.

Sécheresse, fréquentation, conciliation des usages, vus par les chargés de mission du parc naturel du Haut-Jura

Notre AG se déroulant à Lamoura, il était important que les adhérents de Mountain Wilderness France approfondissent leur connaissance du territoire hôte. Afin de présenter les enjeux actuels du Haut-Jura, Romain Bellier, Chargé de mission Rivières et Julien Ruelle, Chargé de mission Activités de pleine nature au PNR, ont répondu à l’invitation de MW.
Pendant 1h30, ils se sont prêtés au jeu des questions-réponses. Quels moyens à un parc naturel régional pour accompagner les collectivités à la protection de l’environnement, des paysages, du patrimoine culturel, voire de la mutation de l’économie locale ?

Au travers d’exemples précis comme l’animation du programme Quiétude attitude, ou les journées de rencontres avec les socio-professionnels du tourisme, Julien Ruelle a expliqué son rôle de mise en réseau des acteurs du territoire. Romain Bellier a quant à lui dressé l’état de santé des rivières du massif… et partagé des résultats d’une singulière enquête. Avec les témoignages et les signalements des habitants, il recense les décharges proches des cours d’eau. Au total, plus de 150 décharges ont été identifiées, dont les plus petites s’étendent sur au moins deux hectares.

C’est d’ailleurs pour s’attaquer à cet épineux problème environnemental que le PNR a établi un partenariat avec MW. L’expertise de ses bénévoles en matière d’organisation de chantiers dans le cadre de la campagne Installations obsolètes pourrait en effet aider le parc à organiser une opération sur l’une des décharges les plus « accessibles ». La plupart d’entre elles sont dans des ravins encaissés.

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