François Labande, membre fondateur de Mountain Wilderness, nous a quittés

Ingénieur et professeur de mathématiques de métier, François Labande était d’abord alpiniste. Il a ouvert de nombreuses voies, notamment en Oisans, mais aussi dans le Massif du Mont-Blanc et ailleurs dans les Alpes. Membre du Groupe de Haute Montagne, il a assuré pendant des années la rédaction de la revue Cimes, contribuant ainsi à la diffusion des savoirs et des valeurs de la montagne. Grimpeur passionné, il arpentait avec la même ferveur les calcaires de Provence, que ce soit sur les sentiers ou dans les parois.

François Labande a été l’un des fondateurs de Mountain Wilderness International et de Mountain Wilderness France. Dès la création de la branche française en 1988, il s’investit aux côtés de pionniers comme Patrick Gabarrou, Antoine Long, Haroun Tazieff et Bernard Amy. Pour se consacrer pleinement à Mountain Wilderness, il réduit son activité professionnelle à mi-temps, contribuant activement à la structuration et au développement de l’association.

Infatigable défenseur des montagnes, il fut à l’origine de nombreuses actions et manifestations pour la création d’un parc international du massif du Mont-Blanc : manifestations « Pour le Parc » en 1989, ascension médiatisée du mont Dolent par ses trois versants en 1993, conférence-débat d’Orcières lors du tour du Mont-Blanc en 1998.

Président de l’association, puis président d’honneur, il laisse une empreinte durable sur son fonctionnement et ses combats. Parmi les moments marquants de la vie de l’association, il y eut notamment l’assemblée générale d’Albertville, une soirée où musique, rires et camaraderie se mêlèrent spontanément dans une atmosphère chaleureuse et sincère. François a marqué toutes les personnes qui ont eu la chance de le connaître.

Au-delà de Mountain Wilderness, François Labande a été un acteur majeur de la protection des massifs alpins, de la Vanoise au Mont-Blanc en passant par les Écrins, où il a siégé au Conseil d’administration du Parc national pendant plus de 25 ans. Son engagement s'est également manifesté dans la défense du massif des Calanques, contribuant à la coordination des associations marseillaises pour la création du Parc national.

Il joua par ailleurs un rôle clé dans la création du CIAPM (Comité international des associations pour la protection du Mont-Blanc – aujourd’hui ProMont-Blanc) et la relance du comité français de la CIPRA (Commission internationale pour la protection des Alpes).

Auteur prolifique, il a signé de nombreux ouvrages : topos d’alpinisme et de ski de randonnée, mais aussi des essais plaidant pour la protection des montagnes. Parmi eux, Sauver la montagne (2004) reste une référence en plaidoirie pour la préservation d’espaces vierges face à la menace croissante de l’aménagement par l’Homme. Son dernier ouvrage, L’échelle de l’espoir (2020), témoigne de son engagement humaniste, reliant sa passion des montagnes à la cause des migrants qu’il soutenait activement à Briançon et ailleurs. Son œuvre littéraire et militante fait écho aux valeurs de solidarité qui l’animaient.

François Labande était un homme d’une grande humilité. Il refusait de se mettre en avant, préférant mettre en lumière les projets et les collectifs plutôt que son propre rôle. À l’écoute et attentif aux autres, il incarnait l’esprit associatif dans son sens le plus noble : celui du partage, du travail en commun et de l’amitié entre ceux qui défendent la même cause.

Doté d’une connaissance intime des milieux montagnards et des enjeux environnementaux, il savait conjuguer expertise locale et vision internationale, toujours guidé par le respect de la dignité humaine.

Pour ses contributions exceptionnelles à la préservation des montagnes et à l’aménagement du territoire, il fut décoré de la Légion d’honneur par le Ministère de l’Environnement. En 2003, lors de l’assemblée générale de Buoux, il fut acclamé Président d’honneur de Mountain Wilderness France, témoignage de l’impact profond qu’il a eu sur l’association et sur tous ceux qui l’ont côtoyé.

François Labande nous laisse un héritage immense : des sommets gravis, des ouvrages qui continueront d’inspirer des générations de montagnards, et un engagement indéfectible en faveur d’une montagne préservée et solidaire.