© Vincent Martin

Installations obsolètes : un souffle nouveau pour le Col du Petit Ballon

Depuis maintenant 21 ans, Mountain Wilderness milite pour préserver les zones de montagnes en les nettoyant d’installations dites “obsolètes” : infrastructures agricoles, militaires, touristiques ou industrielles laissées à l’abandon. Tous les ans des chantiers sont organisés avec l’aide de bénévoles pour que la nature puisse reprendre ses droits. Reportage avec une équipe motivée dans le massif des Vosges, au Col du Petit Ballon (68).

Vosges
Installations Obsolètes

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 27 juin 2023

Des installations obsolètes diverses

Ce matin-là, sous le brouillard dense, une dizaine de bénévoles se concentre sur des barbelés tandis que l’association des Amis de la Nature de la section de Guebwiller en profite pour démonter une ancienne chaise d’arbitre en bordure d’un terrain de volley. A une cinquantaine de kilomètres seulement de l’Allemagne, d’âpres combats s’y sont déroulés pendant la seconde guerre mondiale. Si la plupart des barbelés ont été enlevés depuis longtemps, certains sont encore là, cachés entre des rochers ou enchevêtrés depuis des décennies dans des arbustes : la tâche s’annonce difficile pour les bénévoles.

Une équipe bénévole motivée !

Anne-Claire est membre du conseil d’administration (CA) de Mountain Wilderness, c’est son quatrième chantier. “Même si des gens continuent de salir, c’est important de faire sa part. En plus, ce type de déchet peut blesser les animaux qu’ils soient d’élevages ou sauvages.” Walter, son compagnon, est lui un novice. “On se sent utile. Rendre un peu la nature comme elle était avant, c’est pas mal comme activité”. Un sentiment d’utilité qu’ils espèrent transmettre aux randonneurs curieux qui s’arrêtent pour observer l’avancée des travaux : “cela peut aussi donner des idées aux gens, ramasser deux ou trois bouts de plastique lors de leurs promenades c’est toujours ça de fait”.

En descendant quelques dizaines de mètres, on rencontre des bénévoles tirant à coup de pioche des barbelés coincés entre deux rochers, une tâche à laquelle s’affrontent les deux Nicolas, originaires de la Vallée du Munster, pour qui ce chantier est aussi une première. C’est d’ailleurs l’un des deux qui a signalé l’existence de ces barbelés qu’il croisait lors de ses promenades dans la vallée. Facteur au quotidien, il est aussi un passionné d’histoire, incollable sur les événements passés ici. On pourrait croire qu’arracher ces vestiges lui ferait mal au cœur mais c’est un sentiment inverse qui l’anime. “C’est du barbelé en train de rouiller, cela n’a pas de valeur pour le patrimoine ou pour l’histoire. On a tout intérêt à les recycler.” En effet, tous les déchets métalliques seront fondus et ainsi obtiendront une seconde vie. A bord de son tracteur, l’agriculteur exploitant d’une partie des pâturages aide les bénévoles à acheminer les barbelés jusqu’au camion de la commune de Breitenbach, qui les emmènera chez le ferrailleur.

Le soleil de midi commence à percer les nuages. Le pique-nique, offert par le magasin bio Satoriz de Mulhouse, est pris au refuge des Amis de la Nature situé non loin de là. Anouk, 22 ans, qui habite à Mulhouse et est elle aussi membre du CA, trouve la tâche ardue mais nécessaire. “Ces barbelés peuvent être dangereux pour les animaux. Il s’agit aussi d’une pollution visuelle pour les gens qui se promènent. La wilderness c’est pouvoir profiter d’une expérience nature authentique.”

Des piquets militaires réutilisés en barrière agricole sont aussi retirés des flancs du Petit Ballon avant que les bénévoles partent pour un apéro bien mérité chez un agriculteur local.

Visionner la vidéo du chantier réalisée par Tom Letreulle

Une belle saison s’annonce pour la campagne installations obsolètes

Cette année les ferrailleurs auront du travail. Neuf chantiers sont prévus par l’association, dans les cinq principaux massifs : Alpes, Pyrénées, Vosges, Massif central et Jura. 265 sites sont recensés par l’association, grâce au travail coopératif de ses membres. Pour visionner la carte participative, ou s’inscrire aux prochains chantiers, rendez-vous sur le site installationsobsoletes.org.

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