Jandri 3S : le nouveau colosse aux pieds d'argile des Deux Alpes

3 000 : c'est le nombre de personnes/heure que cette installation peut transporter, permettant de gravir plus de 1 500 mètres de dénivelé positif en moitié moins de temps que la télécabine qu’il remplace ;

148 M€ : c'est le coût final de ce projet colossal, initialement estimé à 63 M€ : soit un dépassement de budget de +60 %, faisant de Jandri 3S la remontée mécanique la plus chère des Alpes.

SATA Group : c'est la maître d’œuvre de ce projet qui a été conduit dans le cadre d’une délégation de service public confiée par les communes de Saint-Christophe-en-Oisans et Les Deux Alpes.

Au vu de l'énormité des sommes engagées et pour éviter d'augmenter sa dette, la SATA a fait le choix de contracter un crédit-bail auprès d'une demi-douzaine de banques. Via la signature d'une convention multipartite, les communes de Saint-Christophe-en-Oisans et des Deux Alpes se rendent solidaires de l'emprunt, ce qui signifie qu’elles devront rembourser l’emprunt bancaire en cas de défaillance de la SATA. En cas de mauvais résultats économiques de leur délégataire, ce seront les communes qui trinqueront.

En 2022, le budget annuel de Saint-Christophe-en-Oisans était de seulement 1,5 million d’euros, ce qui illustre l’ampleur du déséquilibre.

Le remplacement du Jandri 3S s'inscrit dans une logique de montée en gamme qui s'apparente à une course à l'armement à l'heure où les grands domaines skiables sont en compétition pour attirer une clientèle aisée et internationale (en plus d'attirer opportunément grâce à leur altitude les clients des stations de ski de basse et moyenne montagne mises en difficulté par le réchauffement climatique). Dans la mesure où la SATA répercute le coût de cet aménagement sur le prix du forfait, ce type de clientèle sera la seule en mesure de s'offrir une semaine sur le domaine skiable des Deux Alpes. En 2023 déjà, 50% des clients de la stations venait de l'étranger.

Paradoxalement, cette clientèle internationale qui voyage au long cours pour arriver jusqu'aux Deux Alpes contribue largement aux émissions de CO₂ de la station, directement responsables du réchauffement des Alpes, de la montée en altitude de la limite pluie-neige et de la fonte du glacier de Mont-de-Lans sur lequel ces touristes skient.

Avec ces dizaines de millions d'euros investis, la SATA conforte l'aspect complétement artificialisé du glacier versant Deux Alpes. Noël approchant, on peut rêver d'un abandon du projet de T3 sur le versant de La Grave de ce glacier... belle manière de contribuer ainsi au projet de protection forte de l'ensemble des glaciers français annoncé l'an dernier par le président Macron !