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Giscard d’Estaing à Vallouise : un discours qui ouvre la voie à la Loi Montagne

Il y a quarante ans, le 24 août 1977, le président Giscard d’Estaing prononçait ce qui deviendra son célèbre « discours de Vallouise » à l’occasion d’une visite dans le tout jeune Parc national des Écrins.

5 min de lecture
Transition
Aménagement

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 11 sept. 2017

Un discours visionnaire

Avec ce discours, le président crée la surprise. Dans un contexte où l’agriculture de montagne dépérit, où permettre aux jeunes de « rester au pays » est une question fondamentale, et où la survie n’est vue que par la mise en application d’un plan neige qui prévoit de mettre une station de ski partout où c’est possible, Valéry Giscard d’Estaing veut une montagne « vivante, active et protégée ». Agriculture, services publics, patrimoine, aménagement, le président fait le tour des enjeux de la montagne. En matière touristique, l’objectif n’est plus de privilégier l’équipement mais plutôt un tourisme intégré, bénéficiant à la population locale, en mettant en avant tous les atouts de la montagne : traditions, paysage, patrimoine.

Les prémisses d’un tourisme durable

« Enfin, il y a le tourisme. Comme vous le disiez tout à l’heure, Monsieur le Maire, Yves Coquillat, le tourisme est chargé tantôt de toutes les vertus : lui seul sauverait la montagne―, tantôt de tous les péchés : il détruirait la montagne. Plus de cinq millions de nos concitoyens vont chaque année à la montagne : il s’agit donc bien d’une ressource. Affirmons donc clairement l’unité de tourisme, mais pas de n’importe quel tourisme. Trop de résidences secondaires s’éparpillent au gré des ventes de terres agricoles. Trop de stations de ski furent implantées sans tenir suffisamment compte des besoins des populations locales et des contraintes de l’environnement. L’effort de l’État portera désormais de plus en plus vers un tourisme intégré aux autres activités ; un tourisme accessible au plus grand nombre ; un tourisme respectueux des sites et des paysages. »

Vers la Loi Montagne

Ce discours ne restera pas lettre morte : en reconnaissant le caractère spécifique de la montagne, il pose les bases de ce qui deviendra un changement radical dans l’aménagement touristique de la montagne. Dès novembre 1977, la « directive d’aménagement national relative à la protection et à l’aménagement de la montagne  » est adoptée par décret. Elle met en avant la fragilité de cet espace montagnard et in fine, la nécessité d’articulation entre développement économique et protection de l’environnement. Cette « volonté de mieux aménager, à la fois pour protéger les sites et garder intacte la richesse de la montagne, doit s’appliquer plus particulièrement à la haute montagne où, en règle générale, la construction et l’urbanisation doivent être limitées au maximum. »
Pour encadrer le développement touristique, ce texte crée la procédure des Unités Touristiques Nouvelles, les fameuses UTN, et lutte contre le mitage en instaurant l’obligation de la construction en continuité des constructions existantes. Cette nouvelle politique française de le montagne aura vu ses fondements présentées à Vallouise en 1977 et sera consacrée par la loi Montagne de 1985.

40 ans plus tard, tout a changé, mais tout est pareil : la voie indiquée par ce discours reste plus que jamais d’actualité.

EN SAVOIR PLUS

Discours de Vallouise

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