© Pascal Krahenbuhl

Balades et randonnées en Corse en mobilité douce

La Corse recèle de multiples trésors, des paysages uniques, une histoire riche et un patrimoine culturel à découvrir et à redécouvrir. Nous vous proposons un mince aperçu des multiples possibilités de randonnée offertes par l’île de Beauté, accessibles en transport en commun. Les photographies présentes dans cet article ont été prises par Michel Jossen. L’illustration à l’encre a été réalisée par Maurizio Battaglia.

7 min de lecture
Corse
Mobilité douce

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 18 avr. 2009
© Paul Arps CC BY 2 0

Balade historique sur les glacières de Cardo : sur les traces du commerce antique du froid à Bastia

Cette balade à partir de Cardo, village au coeur de Bastia , vous emmènera sur les traces du commerce antique du froid.

Départ : de la place du village de Cardo, accessible avec les transports publics de la ville. Le départ se situe devant l’église St Etienne (panneaux explicatifs).
Carte IGN : TOP 25, 4348 OT, BASTIA Golfe de St-Florent
Temps de marche : 4h30 - 5 h aller retour
Distance : 8km
Dénivelé : 600 m
Difficulté : facile, même pour les enfants. Prudence cependant sur la crête par temps de brouillard.

  • Le chemin débute, direction sud-est, le long des murs d’une grande « villa d’Américains » juste à droite de la route qui de Bastia arrive à l’église de Cardo. Le chemin passe au-dessus d’une ancienne étable communautaire (le lait des vaches de Cardo étaient vendu à Bastia, transporté sur la tête des femmes). Au bout de 500m, monter à droite, atteindre un belvédère (vues sur Bastia et l’étang de Chiurlinu), continuer jusqu’à une piste qu’on traverse, en conservant la direction de l’émetteur du Pigno.

  • Parvenu au niveau d’un paghliaghju restauré, suivre à droite le chemin débroussaillé qui, d’abord à plat puis montant face à la montagne, vous conduit à un bouquet de très grands arbres (tilleul, érable, châtaignier), facilement repérables sous la montagne. L’endroit est idyllique, ombre, source d’eau fraîche, Bastia et la mer à nos pieds.

  • Faisant face à la montagne, à droite de la fontaine, un chemin muletier bien empierré s’insinue entre les rochers, traverse près d’une petite source le ruisseau de Fiuminale et atteint un grand replat sur lequel se trouve la plus ancienne des deux glacières (nivera) à l’altitude de 796 m. Il s’agit d’une grand bâtisse ovale à demi effondrée qui abrite un grand puits circulaire au fond duquel, lors d’hivers assurément plus rigoureux que les nôtres on y empilait des couches de neige en y intercalant de la fougère, le tout se tassant et se transformant en glace qu’on pouvait de cette façon conserver jusqu’à la fin de l’été. Et si on continue droit devant, à plat direction nord, on découvre une autre de ces glacières, plus récente, adossée à une ferme délabrée.

  • En suivant la trace en courbe de niveau, toujours vers le nord, dans un terrain parfaitement dégagé propice au thym corso-sarde « erba barona », on atteint la crête du Cap Corse. Pourquoi se priver s’il fait beau de grimper à vue au Monte Murzaio ou plus modestement au San Columbano qui du haut de ses 839 m a beaucoup plus à vous offrir que sa faible altitude : le golfe de St-Florent, les Agriates et leurs plages adossées au massif du Tenda, d’un côté, Bastia et la courbe élégante de la lagune de la Marana de l’autre, et, par temps clair, les îles et l’Italie.

  • Le retour se fait par le même chemin. Les plus aventureux, à condition qu’ils sachent s’orienter et disposent de suffisamment de temps, peuvent partir à la recherche d’une troisième glacière : celle de Ville di Petrabugno située précisément à 1 km 250 à vol d’oiseau au nord-est de San Columbano. Une trace descendante y conduit direction nord-est, contournant par la gauche une épaule rocheuse (abri sous roche) et retrouve un ancien chemin débouchant au point 627. De là, à droite plein est, vous tombez sur la clairière et notre glacière ovale. Deux chemins y arrivent, choisir celui de droite en descendant (balisage orange), il vous fera descendre à Ville à 4 km de Cardo. De là, au niveau d’un carrefour avec une petite croix, prendre à droite le sentier qui en courbe de niveau et balisé par des cairns vous ramène à Cardo.

Un peu d’histoire...
Cardo peut-être considéré comme un village dans la ville puisque c’est face à son port, Porto Cardo, aujourd’hui Terra Vecchia, que fut construite en 1380 la première bastiglia (Bastia) par Leonello Lomelini.
Le commerce estival de la neige en Méditerranée remonte à la plus haute Antiquité. C’était un moyen, au moment des fortes chaleurs, de rendre buvable l’eau saumâtre des puits, de soulager les douleurs abdominales des malades, et de ravitailler les cafetiers. Ajaccio, proche des hauts sommets du centre s’approvisionnait dans les névés persistants au-dessus de Bocognano ou Bastelica tandis qu’au-dessus de Bastia, en Castagniccia et dans le Nebbio furent édifiées les surprenantes nivere, objet de notre visite.

© jean françois bonachera Attribution Non Commercial No Derivs 2 0 Generic

Randonnée historique à travers les chapelles romanes de la Casinca, Corse

Notre fil conducteur : les anciens sentiers reliant entre elles les chapelles romanes qui au Moyen Âge quadrillaient la région.


Départ : Chapelle St. Pancrace près de la N-198 à 8 km environ au sud de Casamozza, juste à droite de l’embranchement Castellare - di - Casinca.

Carte : IGN TOP 25, 4340 OT, VESCOVATO nombreux panneaux, pas de balisage
Temps de marche : 4h30 à 5 h (sans les visites)
Distance : 11-12 km
Dénivelé : 650 m
Difficulté : assez raide au début, chemins souvent défoncés par les crues de septembre 2006.

La Casinca, cette très ancienne piève, forme un triangle partant du sommet du Sant’Angelo, délimité au nord par le Golo, au sud par le Fium’Alto et à l’est par les belles plages de la mer tyrrhénienne. Ce « verger de la Corse » a conservé sa parure végétale ainsi que de splendides villages en plein renouveau, bien entretenus et qui à eux seuls valent le déplacement.

  • Au départ de la chapelle saint Pancrace, suivre la route qui monte à Castellare et tourner à gauche derrière l’école (panneau Sant’Andria), la montée est raide et coupe bientôt la route pour continuer sur une petite route goudronnée, tout droit jusque sous le village. Lorsque à la vue des premières maisons, nous remarquons sur notre gauche un escalier en béton il suffit d’y monter, de tourner à gauche encore jusqu’à un passage voûté qui nous fait déboucher sur la piazza San Bastianu. On y trouve à boire et à manger à l’ombre des micocouliers ! Un petit tour du village s’impose. On redescend derrière la belle église baroque et gagne l’entrée ouest de ce village labyrinthe par d’autres passages voûtés.

  • Continuer 250 m sur la route à droite d’une grande bâtisse agricole qui dissimule une autre chapelle romane (Sainte Marguerite) jusqu’au cimetière où un panneau Sant’Andria nous indique le début de la rude montée jusqu’aux ruines bizarrement restaurées de la chapelle en question (à gauche dès qu’on rejoint la route, beau panneau d’explications).

  • Revenir quelques mètres sur la route, puis prendre le premier sentier à gauche pour entamer une autre raide montée vers le village qui nous surplombe. Lorsque le sentier atteint une piste, lui préférer l’embranchement de gauche qui nous fait accéder par le sud à ce village classé monument historique. N’hésitez pas une seconde à prendre un peu de temps pour visiter ce village, car il en vaut vraiment la peine. Comme tous ceux de la Casinca, il n’a pas choisi sa forme, celle-ci lui a été dictée par la structure du promontoire rocheux qu’il utilise au maximum de ses possibilités.

  • C’est justement au plus profond du bois de châtaigniers que nous allons nous enfoncer au départ de Penta, à droite de la place sous un grand palmier dattier (panneaux en contrebas), suivant un chemin creux passant sous le stade, puis arrivant en courbe de niveau dans une zone très humide. On passe près d’un énorme châtaignier creux portant des traces de peintures roses. On traverse en contrebas, avant un mur en ruine ,les deux bras du ruisseau pour retrouver sur le versant en face le chemin dans les chênes qui aboutit à une bergerie en patchwork de tôles multicolores, et une piste qu’on emprunte jusqu’au hameau d’Ocagnano. De celui-ci (panneau) le chemin vous fait rejoindre la crête où sont juchés les beaux restes de la chapelle Saints Côme et Damien.

  • Retour à Ocagnano que l’on traverse pour en ressortir côté nord vers un immense tilleul et suivre à gauche sur un peu plus d’un km le bord de la route très peu fréquentée jusqu’au cimetière de Sorbo. Il faut alors descendre à droite le long du mur et par le chemin qui débute à droite, descendre jusqu’au premières maisons de Sorbo, un village réputé pour sa charcuterie. On traversera Sorbo, admirant au passage la façade en pierre de l’église baroque Santo Pietro, puis, arrivé au tournant en épingle à cheveux au sud du village, on continue sur la route de la plaine, à gauche, sur 300 m, où après les dernières tombes on aperçoit juste en-dessous le toit de la chapelle Saint Jean avec en arrière plan le long village de Venzolasca, étiré qu’il est sur une mince arrête rocheuse.

  • Descendre de la chapelle le chemin creux qui nous fait retrouver la route de la plaine et après le virage, suivre à droite la piste qui descend (raide au début) et se prolonge par un sentier passant derrière une bicoque et continue direction sud avec quelques montées et descentes jusqu’à une croisée de chemin tout près de Castellare. On suit alors le panneau San Pancraziu à gauche, passe près d’une ruine et encore à gauche (panneau) on redescend en lacets jusqu’au lit du ruisseau qu’on longe sur sa rive droite. Bientôt le sentier devient une piste, passe à côté d’opulentes noiseraies, d’un moulin parfaitement restauré, de plantations d’agrumes et de kiwis perpétuant la vocation arboricole de la Casinca. Saint Pancrace est au bout de la piste. Les villages de la Casinca, comme ceux de Balagne, de par la taille de leurs maisons de maître (casoni, palazzi) donnent une impression de richesse. On se rend bien compte, contrairement à des idées reçues, que l’île n’a pas toujours été pauvre.
© Corse Sauvage CC BY NC SA 2 0

Le tour du Monte d’Oru : Sommet central de la Corse, vue imprenable

Le Monte d’Oru, haut de 2380 m est idéalement placé au centre de l’Île de Beauté. Il permet par temps clair de contempler les deux côtes et même d’apercevoir les îles de l’archipel toscan : Elbe et Monte Christo.


Départ : de la gare de Vinnazova
Carte IGN : 4251 OT au 25/000e Monte d’Oro, Monte Rotondo
Durée : La course est longue (env. 9 heures de marche en terrain caillouteux à souhait, avec 1400 m de montée et autant de descente).
Ne partir que par beau temps et rebroussez chemin en cas d’orage ! Le parcours de montée y est tracé en rouge, sur le terrain il y a quelques balises jaunes.

  • Départ très tôt le matin de la gare de Vizzavona, passer devant l’hôtel « i Laricci » puis l’ancien grand hôtel en ruine pour suivre le GR 20 (direction refuge de l’Onda) et après deux traversée de ruisseau sur des ponts de bois, repérer le sentier balisé jaune (panneau Mte d’Oru) qui fait couper à plusieurs reprises la piste forestière.

  • Après avoir traversé une dernière fois cette piste, on monte en terrain découvert jusqu’au lit d’un petit ruisseau qui nous fait passer à côté des ruines des bergeries de Pozzatelli. Passées celles-ci, nous atteignons une zone recouverte par les aulnes odorants que nous contournons par la droite voire traversons là où on les a coupés pour permettre le passage jusqu’à rejoindre un étroit couloir appelé scala (l’échelle) et où, des névés tardifs en mai ou juin peuvent poser problème. Une fois franchie, la scala qui comme son nom l’indique dispose de bonnes marches, on atteint à 2190 m un replat appelé Pratu Scampicciolu à partir duquel on continue en courbe de niveau ascendante dans des éboulis jusqu’à un col situé au sud-est du sommet. On peut y déposer son sac avant d’attaquer les quelques mètres de petite escalade qui nous séparent du sommet. N’oubliez pas de vous pencher un peu au nord-ouest pour une vue plongeante sur le lac d’Oru 400 m plus bas.

  • Le retour, à partir du col sous le sommet s’effectue tout d’abord plein ouest, puis s’infléchit au nord-ouest (cairns, quelques marques jaunes), passe sous le col du Porcu et rejoint le GR 20 sous le point côté 2064.

  • On redescend ensuite en suivant sagement les marques rouges et blanches, tout contents lorsque le soleil tape dur de retrouver tout d’abord l’ombre d’un magnifique bois d’érables, puis, après le pont de bois de Tortetto, les innombrables vasques des cascades dites des Anglais.

  • De la buvette après le deuxième pont (une occasion de déguster une Pietra, la bière corse à la châtaigne), une piste forestière vous ramènera, toujours en suivant les balises du GR 20, à la gare de Vizzavona.

Cet échantillon de balades autour du patrimoine naturel et culturel corse nous a été proposé par Michel Jossen, accompagnateur en moyenne montagne et corse d’adoption. Artisan de la randonnée, il sillonne depuis plus de 10 ans tous les recoins du massif Corse et propose des randonnées sur mesure pour découvrir les richesses cachées de l’île de beauté.

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