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France s’oppose à l’organisation des JO d’hiver de 2018 dans les Alpes Françaises

La semaine dernière, le Conseil olympique d’Asie (OCA) a annoncé la tenue des Jeux asiatiques d’hiver 2029 en Arabie Saoudite. Mountain Wilderness abonde dans le sens des nombreuses indignations qui rappellent le besoin urgent de changement de paradigme. Alors que tous les voyants de notre planète sont au rouge, nous voici face à une aberration écologique de plus. Faut-il rappeler que programmer des jeux d’hiver dans un pays où le climat est désertique est un non sens ? Quels aménagements seront nécessaires pour contraindre l’environnement à accueillir ce divertissement ? Il est urgent d’arrêter les pratiques déraisonnables.

5 min de lecture

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 01 mars 2009

Les villes en courses à la candidature de l'organisation des JO d'hiver 2018

Quatre villes des Alpes françaises, Annecy, Grenoble, Nice et Pelvoux, sont actuellement en course pour être candidates à l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver de 2018.
Quelle que soit la ville finalement retenue, Mountain Wilderness France considère que la tenue d’un tel évènement dans les Alpes Françaises n’est pas acceptable.
Selon la ville choisie, les Jeux Olympiques pourront nécessiter :
- pour les compétitions, des nouvelles infrastructures impactantes pour l’environnement en montagne, qui deviendraient inutiles et obsolètes dès les épreuves terminées.
- pour accueillir les visiteurs, des programmes immobiliers de luxe dans les stations, qui s’accompagneront forcément du développement des domaines skiables au détriment des zones de montagne vierges selon le cercle vicieux "nouveaux lits, nouvelles pistes".
Ainsi les conséquences des jeux de Grenoble 1968 et Albertville 1992 sont bien visibles dans les massifs.

La promesse des villes

Certes les projets de villes candidates promettent aussi l’amélioration du réseau des transports en commun dans les vallées concernées. Mais celle-ci est de toute façon indispensable dans le contexte actuel : sa réalisation devrait être prioritaire et ne devrait pas être conditionnée à la tenue des jeux dans les Alpes.
Pendant la durée des Jeux, des milliers de personnes, athlètes, accompagnateurs, ou spectateurs seront concentrés sur les sites des épreuves. L’impact écologique en termes de déplacements, de consommation de ressources, de productions de déchets etc. ne sera pas supportable pour le milieu naturel montagnard.

L'avis de Mountain Wilderness sur ces jeux olympiques

De plus Mountain Wilderness considère que les Jeux Olympiques font la promotion exclusive d’activités sportives artificielles, élitistes et déconnectées de l’environnement de montagne, à l’opposé de pratiques responsables et respectueuses du milieu défendues par notre association.
Enfin, Mountain Wilderness considère que le modèle de développement qui permettrait aux Alpes d’être une « Montagne à Vivre » au XXIe siècle n’est pas compatible avec celui des Jeux Olympiques. Nous croyons à une montagne dont la plus grande richesse est son environnement préservé, vivant toute l’année d’un ensemble d’activités économiques durables, dont l’accueil touristique n’est qu’une composante.
C’est pourquoi Mountain Wilderness France affirme son opposition à l’organisation des J.O. d’hiver de 2018 dans une ville des Alpes Françaises, et appelle ses adhérents et sympathisants à se joindre aux différentes manifestations qui seront organisées dans les jours à venir dans et autour des villes candidates.

Il y a urgence à changer de paradigme

L’heure n’est plus aux ajustements ou autres éco-engagements. Il est grand temps que les acteurs de la montagne prennent leurs responsabilités à bras le corps. L’enjeu n’est pas seulement d’essayer de sauver un business par des promesses de lendemains décarbonés, mais bien de réfléchir à des reconversions désirables.

Mountain Wilderness appelle solennellement à la mise en œuvre d’un moratoire sur de nouveaux aménagements en montagne. Cela concerne notamment les retenues collinaires, les nouvelles remontées mécaniques, les liaisons interstations et les nouvelles constructions contribuant à accroître encore l’artificialisation des sols. En France aussi ayons le courage de regarder la réalité en face et l’ambition d’être exemplaire pour accompagner le changement de pratiques.
Renouvelons encore le désir partagé par l’ensemble des acteurs parties-prenantes des États Généraux de la transition du tourisme en montagne : imaginer ensemble l’avenir de la montagne pour qu’elle demeure une terre d’envies et une montagne à vivre.

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