Mountain Wilderness est engagée en faveur des espaces de montagne insuffisamment protégés, dont les glaciers font évidemment partie. L'association s'est donc appuyée sur ce contexte favorable dans son travail avec les services de l'état (DREAL, DDT) chargés de la mise en œuvre des différentes stratégies (SNAP 2030 et SNB 3) et avec les élus locaux. Dans le cadre de la controverse du glacier de la Girose7, nous avons également encouragé la préfecture des Hautes-Alpes et le Ministère de l'Environnement à « accompagner les élus dans la coconstruction de la protection [de ce glacier] avec l’ensemble des citoyens et des acteurs », conformément à ses promesses.
D'autres associations (dont marge sauvage nouvellement créée) se sont également saisies de ces engagements pour approcher les élus locaux sensibles à la question de la protection des glaciers. Cette initiative a été couronnée de succès puisqu'elle a débouché - entre autres - sur la création du festival "Agir pour les glaciers" qui se tiendra au printemps prochain en Haute-Tarentaise.
Cette absence de leadership de l’État au sujet de l'Année Internationale de la Préservation des Glaciers n'a pas conduit le seul monde associatif à vouloir marquer le coup : diverses des institutions du monde de la recherche s'organisent en ce moment même pour célébrer 2025 à leur manière, regrettant toutefois que les annonces concernant le financement de la recherche en cryosphère n'aient à ce jour pas été suivies d'effets.
De son côté, le gouvernement est malheureusement resté au stade des annonces, sans pour autant honorer ses promesses. La premier pacte territorial - quoi que ce nouvel outil renferme - annoncé pour 2024 n'a pas été conclu, et l'ancrage territorial indispensable à la réalisation des objectifs fixés est inexistant.
Pire, les déclarations des ministres de l'environnement successifs ont parfois été émaillés par la présence de contre vérités pouvant nuire à l'objectif de protection des glaciers. À titre d'exemple, Agnès Pannier Runacher a déclaré au sujet de l'action ministérielle en faveur des glaciers que « [son] travail a consisté à définir ce qu’était une protection forte [dont] nous n’avons pas aujourd’hui de reconnaissance dans le droit » et que « les parties que l’on a vocation à protéger sont celles qui ne sont pas déjà artificialisées »8. La ministre se trompe, oubliant que la notion de protection forte est définie dans le droit français depuis deux ans déjà : il s'agit des espaces où « les pressions engendrées par les activités humaines susceptibles de compromettre la conservation des enjeux écologiques sont absentes, évitées, supprimées ou fortement limitées, et ce de manière pérenne, grâce à la mise en œuvre d'une protection foncière ou d'une réglementation adaptée, associée à un contrôle effectif des activités concernées »9. Qui plus est, en excluant les glaciers artificialisés de la liste des espaces à protéger, la ministre s'éloigne petit à petit de l'objectif initial de 100 % des glaciers sous protection forte.