L’année 2024 a donc été marquante pour moi, et sûrement pour chacun d’entre nous. Par sa lourdeur, sa pesanteur. Fatigués de se rendre compte de notre incapacité collective à prendre notre destin en main. A dépasser nos clivages, nos postures, nos égos, à aller au-delà de notre zone de confort. Dans nos territoires, là où les effets du changement climatique sont visibles à l’œil nu, l’ambition de transformation se fait attendre. Alors que nous sommes à un point de bascule, certains reculent et se tournent encore vers des pratiques dépassées. Je pense par exemple aux investissements records dans les remontées mécaniques cette année (+500 millions d’euros investis) ou à la promesse de fêter les derniers jeux d’hiver dans les Alpes.
À regarder la situation dans son ensemble, la société semble de plus en plus hors sol, déconnectée, dépassée.
Mais le diable se cache dans les détails, dans les interstices, et ce sont ces interstices qui m’intéressent.
On y retrouve la force des collectifs citoyens qui font bouger les lignes comme dans le Vercors, l’Oisans ou dans les Hautes-Alpes où des mobilisations pour une montagne vivante et préservée viennent rendre obsolètes des aménagements de grande ampleur.
Dans ces interstices, naissent aussi des désirs individuels d’un autre rapport à la montagne, à la vie, plus sobre, plus authentique, mais toujours aussi intense. Loin d’une montagne aux hôtels 5 étoiles et pistes synthétiques, des initiatives émergent et se développent dans l’ensemble de nos massifs pour vivre à l’année en montagne dans le respect des équilibres naturels. Des initiatives associatives, citoyennes, entrepreneuriales, qui font revivre les villages, les champs, les colonies de vacances et nécessitent d’être valorisées, soutenues et encouragées. La grande concertation « Montagnes 2030 » lancée début 2025 par Mountain Wilderness, et ayant recueilli déjà 360 000 participations, vise à accélérer cette dynamique positive et vitale pour nos territoires.