L’étude inédite sur les 2234 stations de ski qui interpelle l’Europe

Alors que le gouvernement explique qu’il faut préparer la France à une hausse de +4°C des températures, une importante étude scientifique européenne publiée ce lundi 28 août dans la revue “Nature Climate Change” prévoit qu’à ce niveau là de réchauffement, 71% à 98% des 2 234 stations européennes sont vouées à devenir “hors-service” (avec ou sans neige artificielle).

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Tourisme
Transition

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 30 août 2023

Changer de cap collectivement pour ne pas s’enfermer aveuglement dans un modèle en impasse

Pourtant en France, certains lobbys s’enferment dangereusement dans une politique à l’aveugle et menaçant d’entraîner toute la montagne dans une impasse dramatique. L’hiver dernier, la chambre syndicale de Domaines Skiables de France (DSF) a répété partout qu’avec une baisse d’activité limitée (-4%), « tout allait bien 1 » et qu’il fallait surtout continuer à investir dans l’immobilier et les aménagements lourds en montagne pour « préserver le ski de demain 2 ».

En réalité :

  • Les grosses stations internationales ont fait des bénéfices importants, avec de fortes dépenses énergétiques (électricité, eau), grâce à l’attrait d’une clientèle étrangère toujours plus riche, comprenant des déplacements en avion très impactants
  • En revanche, pour 70 à 80% des stations c’est la double peine : elles souffrent déjà du manque de neige à répétition et subissent maintenant un endettement fort, lié à la course à la neige artificielle, une solution court-termiste, souvent inefficace et qui retarde l’engagement vers des transitions, pourtant vitales.
  • S’enfermer dans le modèle actuel n’aidera en rien à « financer la transition3 ». Au contraire, ce modèle nous enfonce dans un cercle vicieux qui accélère le dérèglement climatique, freine les dynamiques transformatives et fragilise durablement le tissu socio-économique des territoires de montagne.

Un désir de plus en plus fort de préparer d’autres modèles et modes de vie en montagne

Les enseignements de cette importante étude européenne ne souffrent d’aucune ambiguïté. Nous avons résolument besoin, dès maintenant, d’engager la transition vers d’autres perspectives de vie en montagne à l’année. Cela passe notamment par de nouvelles formes de tourisme davantage respectueuses du vivant, du sauvage et profondément connectées à la nature. Il s’agit surtout de repenser collectivement nos modes de vies, nos modèles économiques, pour réduire drastiquement notre empreinte et s’adapter à un monde en plein basculement.

Et il n’y a pas que l’hiver… La multiplication des événements climatiques, notamment ces derniers étés (éboulements d’ampleur, sécheresses, tensions sur l’eau, forêts et glaciers en souffrance, records de chaleur…) inquiètent profondément les acteurs de la montagne. Jamais leur disponibilité pour imaginer ensemble d’autres modes de vie n’a été aussi forte.
Le travail et les expérimentations dans les territoires montagnards mériteraient d’être mieux valorisés, discutés, partagés, nous avons tant besoin d’inspiration pour initier ensemble des projets de territoires novateurs et mobilisateurs.

L’appel à des politiques nationales et européennes ambitieuses pour la transition

Cette situation n’est pas seulement difficile pour les montagnes françaises, elle l’est pour l’ensemble de l’Europe et tous ses massifs montagneux.

Si le constat est dressé, le diagnostic posé, nous manquons d’une réelle vision et ambition durable de la montagne dans toutes ses dimensions, de politiques cohérentes à l’échelle des vallées, des massifs et au niveau européen. Les montagnes sont les derniers espaces sauvages du continent et méritent une attention toute particulière pour être protégées. Une attention qui fait malheureusement encore fortement défaut aujourd’hui…

Une politique européenne ambitieuse et cohérente sur le devenir des montagnes pourrait être un formidable levier d’entraide et de motivation entre les territoires de nos différents pays.
Ne plus s’enfermer dans une concurrence territoriale pour un modèle touristique qui va devenir obsolète et s’engager ensemble vers une dynamique créative, stimulante pour imaginer une autre relation à nos territoires d’altitude : voici un enjeu majeur, inédit, pour tous les acteurs de la montagne à l’échelle européenne !

L’Espagne assure actuellement la présidence de l’Union Européenne. Et si le devenir des stations pyrénéennes pouvait l’inciter à poser les fondements d’une politique européenne pour l’ensemble des territoires de montagne ?

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