Antoine VAN LIMBURG

La montagne sacrifiée sur l’autel de la simplification. Mountain Wilderness, France Nature Environnement et la Fédération des Clubs alpins et de Montagne dénoncent la suppression du Conseil national de la montagne

Dans le cadre du projet de loi sur la simplification de l’action publique, les députés de la commission spéciale ont décidé de supprimer purement et simplement le Conseil national de la montagne (CNM). Une décision irréfléchie aussi incompréhensible que inacceptable.

4 min de lecture
Transition

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 26 mars 2025

Le Conseil national de la montagne est la seule instance nationale qui réunit les élus de la montagne, les représentants de l’État, les  acteurs socio-économiques et les associations pour débattre des enjeux propres à ces territoires. Il s’agit de l’unique espace de dialogue institutionnel dédié aux politiques publiques de la montagne.

La disparition du CNM constitue un recul démocratique majeur

Elle prive les populations montagnardes d’un espace de concertation et de dialogue avec l’État sur les politiques qui les concernent directement. En outre, elle remet en cause la reconnaissance pourtant actée de la montagne comme entité politique, humaine et territoriale spécifique – une spécificité qui concerne 25 % du territoire métropolitain et qui est inscrite dans les textes nationaux et européens

Cette suppression est un signal désastreux, à rebours des grands défis actuels : dérèglement climatique, risques naturels, artificialisation, recul de la biodiversité, précarité énergétique, crise du logement et du tourisme… Autant de sujets qui exigent une vision partagée et des politiques adaptées. Faire croire que l’on simplifie en éliminant un lieu d’écoute, c’est confondre efficacité et brutalité administrative au mépris des régions et de ses habitants, et au mépris de l’efficacité des politiques publiques.

Il est pour le moins paradoxal de supprimer un tel outil de coordination à l’heure où la France engage les territoires alpins dans l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2030. Une telle perspective appelle au contraire une gouvernance forte, partagée et adaptée aux spécificités des territoires montagnards. Comment imaginer penser l’avenir de la montagne dans le cadre d’un événement mondial sans même conserver l’instance nationale chargée de  structurer les politiques publiques qui la concernent ?

De plus, rappelons que le CNM n’a pas pu se réunir ces derniers mois du fait de la dissolution de l’Assemblée nationale à l’été 2024, et non en raison d’un supposé dysfonctionnement. Sa suppression ne générera par ailleurs aucune économie significative : son budget de fonctionnement est marginal, et son rôle est irremplaçable.

Comment ne pas y voir une incohérence majeure ?

Alors même que la Loi Montagne fête ses 40 ans, que le Plan avenir montagne de 2021 est toujours en action et que le Conseil national de la montagne s’est vu confier, le 20 mars dernier, une mission stratégique : évaluer et construire une feuille de route pour l’adaptation des
territoires de montagne au changement climatique. Supprimer le CNM dans ce contexte relève de l’absurde. Supprimer le CNM au nom de la simplification, c’est confondre rationalisation et effacement. Ce n’est pas alléger l’État, c’est affaiblir la République dans ses territoires les plus vulnérables.

Mountain Wilderness, FNE et la FFCAM demandent instamment le maintien du Conseil national de la montagne, dans un format rénové, ouvert et réellement actif, et appellent à la
raison les parlementaires. On ne peut pas parler d’avenir des territoires sans les territoires. La suppression parallèle des Conseils économique, social et environnemental régionaux (CESER), autres lieux d’expression démocratique territoriale, et les menaces d’affaiblissement de la Commission nationale du débat public (CNDP) confirment une logique de recentralisation préoccupante, qui affaiblit la capacité des territoires à faire entendre leurs priorités et à construire des réponses adaptées. L’avenir de nos montagnes nécessite davantage de démocratie participative.

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