La Meije

3ᵉ tronçon du téléphérique de La Grave : quelle rationalité économique ?

Le Pays de La Grave est cher au cœur de Mountain Wilderness. Aux pieds de la reine Meije, la Grave a réussi à concilier "remontées mécaniques" et "montagne sauvage". Ce territoire a su développer son esprit singulier "La Grave", où cohabite un accès mécanisé, certes, mais un accès à des vallons sauvages et à de magnifiques grands espaces. Pour combien de temps encore ?

Hautes-Alpes
Écrins
Espaces protégés
Aménagement

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 17 févr. 2022

Genèse du projet de téléphérique des glaciers de la Meije

Désireuse de préserver défendre cette spécificité du lieu, notre association s’est mobilisée à l’occasion du passage du Schéma de cohérence territoriale (SCoT) du Briançonnais devant la Commission UTN du Massif des Alpes. Le projet de SCoT prévoyait en effet à ce stade de remplacer le tire-fesses qui fait aujourd’hui office de "troisième tronçon" par un téléporté jusqu’au sommet du Dôme de la Lauze, à 3 600 m d’altitude. Surtout, l’Unité touristique nouvelle créée par ce SCoT prévoyait la création d’un restaurant panoramique dans la gare d’arrivée et la mise en place d’une liaison entre la Grave et le domaine skiable des Deux Alpes.

Face à ce projet, Mountain Wilderness a plaidé pour la préservation de l’esprit du lieu et a été entendue : la version définitive, adoptée, de ce SCoT, exclue la liaison avec les Deux Alpes et tout aménagement « de type domaine skiable » ; elle exclue également le restaurant panoramique au sommet du téléphérique.

Nous étions satisfaits, prêts à accompagner la commune pour éviter toutes les dérives, mais restions vigilants. Nous avions raison de l’être : à peine obtenions-nous des assurances des élus de La Grave sur le maintien du caractère du site que les mêmes, en compagnie des édiles régionaux, lançaient une grosse opération de com’ pour vanter « l’aiguille du Midi des Alpes du Sud » qu’ils étaient en train de construire ! Des inquiétudes qui montaient d’un cran encore quand la gestion de tous les domaines skiables de l’Oisans (Alpe d’Huez, Deux Alpes et La Grave) fut confié à un seul opérateur, non pas d’un « grand Oisans sauvage » -cher à Samivel- mais d’un « Grand Oisans du tout ski » construit à coup (et à coût), de liaisons interstations...

Les premières offres de ski héliporté entre La Grave et l’Alpe d’Huez proposées suite à cette prise de gestion commune confirmaient nos craintes. Mountain Wilderness rejoint alors la proposition de moratoire portée par le collectif « La Grave autrement ».

Une alternative est possible pour les montagnes de l’Oisans

Dans le même temps, l’énergie créatrice d’acteurs locaux, fédérés au sein dudit collectif, a donné naissance à un projet de développement bien plus en accord avec notre philosophie, abandonnant le troisième tronçon pour faire du glacier non pas une banale piste de ski mais un lieu de découverte de la haute altitude pour tous, dans la lignée de l’inscription de l’alpinisme au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Deux avis, celui du Parc national des Écrins et celui de la Mission Régionale de l’Autorité environnementale (MRAe de PACA), confirmaient alors l’importance des enjeux environnementaux et paysagers. Les deux instances soulignent la faiblesse de l’étude d’impact, le Parc et son Conseil scientifique s’interrogeant également sur la compatibilité du projet avec la charte du parc national et le caractère du parc, questionnant l’impact global du projet sur les grands paysages de la face Nord de la Meije.

Au-delà de ces aspects environnement et paysages, l’un des points important est de se pencher sur le "pourquoi ?" un tel équipement. Les enjeux économiques qui sont mis en avant par les porteurs du projet d’équipement tiennent-ils la route ?

Niels Martin, docteur en géographie, l’un des piliers du Collectif "La Grave autrement", s’est penché sur la question. Le moins que l’on puisse dire est qu’il confirme que La Grave mérite mieux qu’un téléphérique de plus.

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