Pose de capteurs pour le projet Wilderpass

WILDERPASS : Les nuances sonores à nouveau quantifiées aux abords des grands cols routiers

La nouvelle campagne de mesures des nuisances sonores est arrivée à son terme en août dernier. En 2022 déjà, Mountain Wilderness s’était associée à BioPhonia pour mesurer les nuisances sonores au col du Glandon.

Espaces protégés

Écrit par le comité de rédaction

Publié le 14 déc. 2023

Cette étude pilote avait mis en évidence une forte pollution sonore due au trafic routier, les nuisances étant présentes 44 % du temps en moyenne1 et jusque dans des zones naturelles relativement éloignées des routes. Nous avons réitéré l’expérience en 2023 en proposant à plusieurs gestionnaires d’espaces protégés de se joindre à nous. Les capteurs ont donc été installés pour une durée de deux mois à proximité de grands cols routiers et dans un espace protégé (voir la carte plus bas).

Pendant deux mois, les capteurs ont enregistré les sons environnants de 7h à 21h, et les données obtenues ont été traitées afin d’avoir accès :

  • au type de véhicule (moto ou voiture) ;
  • à l’émergence (la différence entre un évènement sonore et le bruit ambiant, qui donne une bonne idée de la gêne causée par cet évènement), exprimée en dB(A).

Résultat : Une forte pollution sonore, et différentes causes

L’importance des nuisances sonores
Le constat est similaire à celui dressé un an plus tôt au col du Glandon. Le paysage sonore est pollué 31 % du temps en moyenne2, et à des volumes bien trop importants. En effet, 74 % des détections dépassent le seuil de 5 dB(A). A titre d’information, même s’il ne s’applique pas aux bruits provenant des infrastructures de transports et ne concerne que des mesures de bruit faites en intérieur, le code de la santé publique indique qu’il y a atteinte à la tranquillité du voisinage ou à la santé de l’homme lorsque l’émergence globale des bruits de voisinages perçus par autrui est supérieure à 5dB(A) en période diurne.
Par ailleurs, cette pollution reflète le comportement des usagers : elle décroît légèrement pendant la pause méridienne et augmente de façon relativement marquée les week-ends.

Des motos bien plus bruyantes
Cependant, tous les utilisateurs de la route ne contribuent pas également au problème. Les motards sont en moyenne plus bruyants : les sons émis par les motos sur les trois sites instrumentés ont une émergence moyenne 4,6 dB(A) plus élevée que ceux émis par les voitures, ce qui correspond à un volume perçu 38 % plus élevé. De plus, l’écart entre les contributions des deux types de véhicules se creuse à mesure que le volume des nuisances augmente : 54 % des détections ’Moto’ dépassent 12 dB(A) d’émergence contre 33 % des détections ’Voiture’. Enfin, la palme de l’évènement sonore détecté le plus émergent revient à un passage de moto sur le col d’Izoard, avec 55,3dB(A).

Les spécificités du col d’Izoard
Le col d’Izoard se distingue des deux autres par l’importance relative des nuisances sonores liées aux motos. Sur les sites du Cucheron et de Daluis, la pollution sonore liée aux voitures couvre environ quatre fois plus de temps que celle des motos alors que, sur le site d’Izoard, la proportion entre ces deux catégories de véhicules est quasi-équilibrée. C’est également au col d’Izoard que les pics de fréquentation dominicaux des motards sont les plus visibles.

La nécessité de réduire ces nuisances sonores

Cette nouvelle campagne de mesures a permis de dresser un constat chiffré et objectif : la pollution sonore liée au trafic routier dégrade l’environnement montagnard y compris au cœur d’espaces protégés pour leur biodiversité ou leur paysage (Parc naturel régional, Réserve naturelle régionale ou site classé). Outre la réduction des espaces de wilderness, cette forme de pollution trouble la quiétude que les visiteurs et les riverains qui ont choisi ces lieux sont en droit d’espérer.
Tout l’enjeu des prochains mois sera donc de travailler avec nos partenaires à la mise en place de mesures concrètes de réduction des nuisances. Ce ne sont pas les pistes qui manquent : fermetures temporaires de routes ; favorisation d’alternatives en mobilité douce en lien avec la campagne « Changer d’approche » ; limitations de vitesse et contrôle effectif du volume sonore à la source ; … et ces mesures devront être adaptées aux contraintes des différents territoires et de leurs hôtes. Nous pourrons envisager d’avoir à nouveau recours à la biophonie pour mesurer l’efficacité de ces mesures.

En savoir plus

Écrire à ep@mountainwilderness.fr si vous souhaitez consulter le rapport dans son intégralité.

  1. Sur la période 7h – 21h
  2. NB : Le chiffre de la couverture temporelle de la pollution sonore est artificiellement plus faible qu’en 2022, puisqu’il s’agit uniquement de la pollution due au passage de véhicules (moto ou voiture) devant le capteur. La pollution sonore lointaine non-identifiable (autres véhicules, avions, bruits de moteur lointains) n’a pas été prise en compte.

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