Montagne debout : une dynamique citoyenne en milieu montagnard

Une envie profonde de questionner les modèles

Le collectif Montagne Debout est né en février 2017, alors que Laurent Wauquiez, nouvellement élu à la Présidence de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a annoncé un nouveau “plan neige” à grand renfort de subventions publiques, retirant par la même occasion une part importante du soutien aux associations de protection de la nature. Une dizaine de personnes s’est alors regroupée autour d’une envie commune et profonde de questionner les modèles de développement économique et de démocratie en montagne. Leurs préoccupations portaient sur les enjeux sociétaux de manière générale et plus particulièrement sur ceux propres à la montagne. L’envie d’une nouvelle forme de démocratie citoyenne a soulevé une forte énergie humaine, illustrée par le credo moteur dont s’est doté le collectif : “on bouge, on invente, on propose”.

L’idée de donner la parole aux citoyens montagnards a alors germé, prenant la forme d’une consultation pour lancer une action concrète. Tout au long de ce projet, le collectif a dû se confronter en interne aux enjeux sous-tendus par une forme de démocratie horizontale, requestionnant la position du leader pour donner légitimité à chacun de se mettre en mouvement, et en s’adaptant aux variations d’effectifs inhérentes à la durée d’une telle mobilisation bénévole. En faisant l’expérience en conditions réelles des limites et contradictions qui peuvent subvenir dans une autre vision de la démocratie, le collectif est resté ouvert à l’arrivée de nouveaux membres et à l’écoute de leurs propositions.

Une participation massive des socio-professionnels de la montagne

La consultation a donné lieu à une affluence de réponses massive, submergeant les capacités de traitement du petit collectif, composé initialement d’étudiants, de chercheurs, de gardiens de refuge et de guides… En effet, pas moins de 7000 citoyens, dont 1200 professionnels de la montagne, ont répondu en un peu moins d’un mois !
A l’issue de la consultation, non sans mal face à la quantité et à la richesse des réponses, non sans mal car les membres du collectif n’étaient pas des professionnels de l'enquêtes et de la statistique mais des citoyens bénévoles, et non sans mal car les questions posées, souvent ouvertes, avaient nécessité des trésors de patience pour en extorquer la substance, c’est avec l’aide d’une statisticienne et d’un sociologie que les réponses ont pu être décortiquées, analysées, interprétées.

Le travail d’analyse statistique des données a pu faire apparaître plusieurs éléments importants :

• La consultation ayant eu pour cible les citoyens montagnards, les répondants constituaient un échantillon non représentatif de la population française. En effet, 50% des répondants résidaient en départements alpins et 31% travaillaient en montagne.
• Les répondants étaient en grande majorité des pratiquants d’activités sportives en montagne : la randonnée arrivait largement en tête, pratiquée par 94% de l’échantillon ; le ski de randonnée était plus pratiqué (> 50%) que le ski alpin, et autant que l’escalade.
• L’analyse a également permis de noter que l’image perçue de la montagne était proche de la nature, en opposition aux aménagements humains.
• Enfin, une réelle inquiétude émanait des répondants à la consultation, particulièrement d’un point de vue environnemental, en lien avec le changement climatique et la pollution.
  

Différents thèmes sont ressortis de manière récurrente dans les réponses aux questions ouvertes posées dans le cadre de la consultation. Le collectif a proposé une analyse et une interprétation, d’où trois aspects clefs ont émergé :

• La montagne perçus comme bien commun de l’humanité ;
• La critique d’un modèle de développement économique unique pour les montagnes ;
• Le désir de changement et de transition touristique des territoires montagnards.

La restitution du projet s’est déroulée en différents temps de présentation et d’échange le 24 mars 2018, dans un amphithéâtre de 50 personnes, malgré une tempête de soleil plutôt favorable pour une randonnée en extérieur !

> Consultez la présentation de l'analyse de de la consultation Montagne Debout